Perspectives missionnaires n° 61
Éditorial

Olivier Labarthe

« S’il guide dans l’espace les astres et les vents,
c’est encore lui qui trace la route à ses enfants »

Cette strophe de cantique trotte dans ma tête en préparant cet éditorial. En effet qu’est-ce d’autre qu’une galaxie, si ce n’est un système d’étoiles et de planètes, fussent-elles évangéliques, qui se meuvent dans l’espace par un même mouvement qui les transcende et les lie entre elles ? À nous d’en repérer la trace. Participant au « mouvement » Témoigner ensemble à Genève qui regroupe les communautés protestantes issues de la migration, il m’importe de proposer des axes de dialogue à partir de ce que vit chaque communauté, ses traces à proprement parler. Reprenant les trois termes phares de la première épître aux Corinthiens, chapitre 13, Amour – Foi – Espérance, il m’apparaît que ces termes peuvent mettre en évidence le style de chaque communauté, valoriser leur témoignage et ainsi favoriser le dialogue.

Amour éclaire le relationnel. Il manifeste la manière de vivre en communauté. Il met en évidence tout ce qui est développé pour renforcer le tissu social de la communauté. Dans votre propre communauté, regardez la place que prennent les petits déjeuners d’avant la célébration, les verres de l’amitié d’après-culte ou les repas communautaires. Cette attention à l’accueil et au bien-être des frères et sœurs s’est nettement renforcée ces dernières années. Elle répond sans aucun doute à la dureté des conditions socio-économiques de notre temps. Pour faire Église ensemble, il est bon d’entrer en dialogue sur nos différentes manières d’être des communautés-havres de paix, où il fait bon vivre.

Ce tissu communautaire où nous avons pas mal à apprendre les uns des autres est aussi le lieu où s’enracine la Foi. Mais quelle foi, quel enseignement, quelle doctrine ? Trop souvent nous n’osons pas poser ce genre de question par peur de rupture ou de désaccord. Notre histoire n’est-elle pas ciselée par les luttes doctrinales. Et pourtant, se dire de quelle foi nous vivons, se raconter les bienfaits du Seigneur qui nous aime, peut devenir une source de richesse infinie. Pas besoin de se lancer immédiatement dans de profonds débats théologiques ; au contraire prenons le temps de se dire en cinq mots les raisons d’être de notre foi, ou bien les cinq passages bibliques qui nourrissent notre existence. Par ce type de dialogue, interpersonnel mais aussi intercommunautaire, nous nous rendrons plus proches les uns des autres, car nous comprendrons mieux comment chacun s’enracine dans le même Évangile. Cette découverte mutuelle de la foi qui nous porte, ne peut que nous mettre en marche et nous mobiliser pour prendre part à la mission de l’Église.

C’est là où l’espérance frappe à notre porte. Elle appelle à l’ouverture au monde pour rejoindre l’humanité entière et lui faire connaître la saveur du projet de Dieu pour une humanité nouvelle. Vous l’aurez compris, l’espérance se donne à nous pour élargir l’espace de nos lieux communautaires, de nos temps de ressourcement, pour vivre les promesses de l’Évangile dans nos relations quotidiennes. L’espérance met fin à toute schizophrénie spirituelle qui distingue si fortement le dimanche des jours de la semaine, la vie professionnelle de la vie spirituelle. L’espérance invite à faire lien, à donner sens, à donner une saveur nouvelle au monde.

Puissent ces traces d’amour, de foi et d’espérance, présentes dans chacune de nos communautés, nous encourager à ouvrir, ou à reprendre, des chemins de dialogue dans la galaxie évangélique. Ainsi nous pourrons nous enrichir mutuellement de nos pratiques communautaires, nous fortifier par notre commune adhésion à l’Évangile et nous soutenir dans un témoignage exigeant.